Bruno Latour
« Rien dans la civilisation moderne ne nous a préparés à aborder la question écologique », remarquait-il en mars dernier au micro d’Adèle Van Reth. Par contraste, « en deux jours, tout le monde savait ce que c’était que de se positionner par rapport à la guerre de Poutine, en gros : ouverture des frontières, sympathie, transmission de colis, d’armement, etc. Alors que ça fait quarante ans que le GIEC nous dit : vous avez une crise de taille beaucoup plus importante ».
C’est en partie que « les individus sont impuissants. On a construit tous les collectifs » et ce sont ces collectifs : l’état, les marchés, l’opinion, tout ce qui forme l’espace public, qui seuls, agissent, ou n’agissent pas. Mais ces collectifs sont organiques, interdépendants, et ne se dirigent pas de l’extérieur, en couches pyramidales obéissant à des injonctions de haut en bas suivant le bon vieux modèle moderne. Or ce que révèle le réchauffement climatique, c’est bien que « nous n’avons jamais été modernes ».